Réflexions sans intérêts
Ces derniers jours ont été propices à quelques réflexions dont je suis sûr que nous partageons le goût. J’aime bien me soumettre à ce genre de petites questions sur la vie de tous les jours, avec plus ou moins de profondeur ou de gravité.
Par exemple l’autre jour, en partant travailler avec ma voiture, un autre automobiliste est sorti d’un parking sans me voir (d’ailleurs il ne pouvait pas me voir et cette sortie est très dangereuse). J’ai eu largement le temps de freiner mais j’ai été surpris par l’étrangeté de voir apparaître soudainement un véhicule en travers de la route. Il n’y a pas eu d’accident, juste un peu d’émotion – pour ma part uniquement parce que l’autre conducteur s’est à peine rendu compte qu’il me coupait la route. Je me suis dit qu’il s’en était fallu de peu (30 secondes à tout casser) et cela m’a fait une drôle d’impression. L’impression que beaucoup d’évènements que nous vivons – ou pas – sont parfaitement indépendants de notre volonté. Ils ne sont que le fruit du hasard et d’un enchaînement de faits plus ou moins en rapport les uns avec les autres. En gros, se trouver là – ou pas – soit au bon soit au mauvais moment, sont les deux seules alternatives que nous ayons vraiment.
Je crois que c’est pour cela que ne pouvons avoir qu’une vision tronquée du monde qui nous entoure. Nous ne pouvons pas embrasser toutes les possibilités car nous nous trouvons à l’intersection d’évènements ou de circonstances sur lesquels nous n’avons aucune influence, voire même que nous ne faisons que subir. Dans mon exemple je pourrais me dire que si j’étais parti 30 secondes plus tôt de chez moi j’aurais eu un accident. Mais peut être qu’en partant 30 secondes plus tôt j’aurais d’abord du céder le passage à un autre véhicule ou laisser traverser un piéton ou je ne sais quel autre évènement (que je n’ai pas vécu puisque je suis parti 30 secondes plus tard), et que par conséquent, je n’aurais pas eu d’accident… Vous me suivez ? C’est l’ironie du destin ou du hasard. Nous n’avons d’autre possibilité que de nous en remettre complètement à ces deux farceurs en se disant, comme pour se rassurer, que « le hasard fait bien les choses » ou que « si doit arriver, ça arrivera »…
Dans un autre registre, j’ai écris récemment en commentant un blog « travailler sur soi est le seul véritable moyen de comprendre les autres ». Lorsque j’ai écrit cette phrase, je dois avouer que je ne comprenais pas tout à fait clairement le message que je voulais faire passer, mais je savais que ça avait du sens… quelque part… pour moi… J’ai un peu honte, mais j’assume. A la réflexion, je crois que c’est assez évident finalement. Je pourrais reformuler de la sorte : « comment comprendre les autres si on ne se comprend pas soi même ? ». Ca à l’air terriblement absurde dit comme ça, j’en ai conscience. Pourtant il me semble que tout est lié. Si je n’arrive pas à définir mes sentiments comment puis-je comprendre ceux des autres ? Si je ne parviens pas à comprendre mes propres réactions, comment puis-je prendre du recul par rapport à telle ou telle personne, telle ou telle attitude ou situation ? Je pense vraiment que la connaissance de soi est la clé de toutes nos relations avec les autres et avec l’extérieur en général. Ce n’est pas l’inverse. Mon environnement m’envoie des signaux que je ne peux pas gérer si je n’ai pas conscience de leur impact sur moi. Concrètement, par exemple, comment bien appréhender une situation qui me stresse si je ne sais pas pourquoi elle me stresse (en d’autres termes, ce qu’elle fait résonner de si personnel chez moi qui déclenche ce stress) ?
Tout cela est très pompeusement présenté, n’est-ce-pas ? Je n’arrive pas à l’énoncer différemment et s’il n’y avait qu’une chose à retenir de tout cela, ce serait que « bien se connaître est la seule façon de bien vivre ». Mais se connaît-on vraiment un jour ?
Enfin, pour finir sur une note moins « prise de tête » (encore que), je me faisais ce matin même la réflexion que l’inactivité entraîne l’inactivité et que, au contraire, l’action entraîne l’action. Je m’étais déjà rendu compte de ça avant ce matin, et je suis pourtant toujours surpris de constater que lorsque je suis très actif (dans des tas de domaines), mon corps – ou mon cerveau, je ne sais pas – réclame en quelque sorte toujours plus d’activité. Cela doit sans doute être lié au fait que l’action libère quelque chose de chimique dans le corps qui donne envie de remettre ça, parce que c’est valorisant et motivant de faire beaucoup de choses (je ne suis pas certain de cette théorie). En tout cas, un point est indéniable : rester inactif trop longtemps me fait immanquablement glisser vers une sorte de torpeur qui finit par faire son lit dans mon quotidien et jusque dans ma façon d’être : envie de dormir alors même que je ne suis pas fatigué ; pas de goût pour entamer de nouvelles choses ; spleen, ennui ;… Actuellement, donc, je suis plutôt dans ma phase « expansive » où j’entreprends beaucoup de choses. Pas forcément des choses nouvelles ou compliquées. Non, je m’active, je me bouge tout simplement (physiquement et intellectuellement).
Je ne peux pas m’empêcher de mettre cela en rapport avec cette théorie qui m’étonnera toujours selon laquelle nous n’utilisons les capacités de notre cerveau qu’à 25 ou 30%. A chaque fois que je l’entends énoncée, je me demande comment il est possible de calculer ce pourcentage puisqu’à priori personne n’utilise son cerveau à 100% et que, donc, personne ne connait les réelles capacités dudit cerveau humain. Peut être sont elles encore plus étendues qu’on le suppose ? Ou au contraire, elles sont peut être bien plus restreintes qu’on le dit ? Quoiqu’il en soit, j’ai l’impression d’être bête quand j’entends cette phrase ou, en tout cas, suffisamment peu doué pour utiliser pleinement un outil qui a été mis à ma disposition. D’un autre côté, cela me donne aussi l’espoir qu’avec un peu d’entraînement et de persévérance, je pourrais grappiller un ou deux points de pourcentage avant de disparaître… Ca me permettra, entre autre, d’avoir des réflexions un peu plus dignes d’intérêt !