Et si on parlait d'autre chose - 17e message
Pour un blog qui s'intitule Gay mais pas que, je trouve que j'ai pour l'instant tendance à ne parler que des gays, de gay-attitude, de problèmes de gay et de vie 100% gay. Il fallait donc que je recentre mon propos sur autre chose que la gay-planète. Mais de quoi parler ?
Alors je me suis dit : "parle leur de ce qui t'a plu, touché ou irrité [l'esprit, pas le corps] récemment". J'aurais pu vous parler de mon boulot, mais, là, maintenant, j'avais pas envie. D'où cette idée de vous parler plutôt de Haruki Murakami.
Murakami est un romancier Japonais. Il est né à Tokyo en 1949 et si vous voulez connaître sa bio, allez ici. Murakami c'est surtout l'auteur que je lis le plus après Yoko Ogawa et avant Akira Yoshimura. A vrai dire, j'ai découvert ces écrivains par hasard. Je n'avais pas connaissance de l'existence d'une littérature japonaise autre que celle des mangas [que je ne lis pas]. Et puis un jour, je suis tombé dans une librairie sur un livre de Yoko Ogawa qui venait de sortir. Un recueil de nouvelles qui s'appelle La Mer. J'ai été tout de suite attiré par la couverture [un peu comme un mec qui vous choppe le regard en passant devant vous] et quand j'ai lu le livre, j'ai découvert pour la première fois ce que c'était de s'évader.
Ainsi ai-je fait connaissance avec les auteurs japonais... C'est con, hein ?
Ce que j'aime chez eux, c'est leur capacité à raconter des histoires complètement fantasmagoriques dans un décor pourtant parfaitement banal. L'opposition entre le décor et l'histoire ne fait, en fait, que renforcer le côté irréel du récit. A ce jeu là, Murakami est un virtuose. Ces récits sont emprunts d'une simplicité pourtant toute poétique. Les situations sont totalement quelconques, quotidiennes, communes, presque insipides et pourtant, tout à coup, le récit dérape, sans qu'on s'en rende compte et, bizarrement on se retrouve dans un autre univers. Parfois je ne comprends rien à ses digressions et parfois, ce qu'il dit parle à mon imaginaire. Il trouve quelques fois un écho dans ma pensée. Peut être que le secret de Murakami pour nous enmener avec lui dans ses délires [pas forcément si délires que ça d'ailleurs] c'est de nous peindre des personnages qui pourraient être nous. On s'identifie si facilement à ces hommes un peu paumés, au carrefour de leur vie, dans des parcours parfois monotones, souvent simples en tout cas.
Je voulais vous citer ce passage extrait de Saules aveugles, femme endormie : "Le monde entier est une vaste clownerie, c'est entendu. Qui pourrait y échapper ? Des sunlights des studios de télévision au clair-obscur de la cabane d'un ermite dans la forêt, tout est le produit de racines communes, pourtant. Et moi je me promenais dans ce monde là..."
Si je devais vous recommander un des livres de Murakami que j'ai lu [mais il m'en reste encore beaucoup à lire], ce serait Kafka sur le rivage, dans le quel on suit le destin d'un jeune homme fugueur et d'un vieillard illettré. Tous deux (et certains autres personnages aussi) sont particulièrement touchants et les évènements, bien qu'invraisemblables, n'en demeurent pas moins passionnants. Un livre étonnant et captivant.
Je viens de finir de lire L'éléphant s'évapore. Ce sont des nouvelles. L'avantage de ce genre de recueil, c'est qu'on y trouve toujours une histoire pour nous plaire...
Je vous parlerai de Yoko Ogawa dans un prochain post. C'est encore autre chose. C'est féminin, c'est subtil et c'est grandiose...
Une précision avant de vous laisser : ne croyez surtout pas que je me la joue avec mes lectures. Je n'en parle qu'à vous parce que je me dis que c'est sympa de faire découvrir aux autres ce qu'on aime. Et avec un peu de chance, peut être y a-t-il quelqu'un parmi vous qui comprend ce que j'essaie tant bien que mal de décrire ?
Je ne pense pas avoir réussi à vous donner envie de lire un livre de Murakami, mais j'espère au moins avoir un peu éveillé votre curiosité à son sujet.
Portez vous bien.
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