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Gay.mais.pas.que
25 septembre 2010

Dead or Alive ? - 55e message

Je voulais depuis plusieurs semaines déjà vous faire part d'une réflexion que je me suis faite. Elle m'est tombée dessus un soir en allant courir et, depuis, je repense à cette histoire régulièrement. Non pas que cela m'obsède, non, non… encore que nous soyons tous, à plus ou moins brève échéance, concernés par ce sujet.

Il faut d’abord que je vous explique le contexte. Quand je cours, je pars de chez moi (je pourrais prendre la voiture et aller me garer à l’entrée de la forêt, mais j’essaie de ne pas polluer plus que je ne le fais déjà), et comme j’habite en ville, je fais quelques kilomètres parmi la circulation. Outre le fait que ce soit désagréable de courir au milieu des pots d’échappement, il faut aussi que je gère les traversées hasardeuses de rues (car les passages pour piétons ne servent à rien comme vous le savez) ou encore les trottoirs encombrés de vélos, de chiens (et de leurs déjections) et autres poussettes. Et puis il y a les automobilistes. Pas leur conduite – qui de toute façon n’a aucun respect pour ce qui possède moins de 4 roues – mais leur regard.

Oui, c’est étrange. Je suis toujours surpris par le regard que les gens portent sur moi. Comme si un coureur au bord de leur route (même médiocre comme moi) était l'attraction à ne pas manquer. Je crois lire dans certains le regret ou la mauvaise conscience de ne pas faire un peu de sport de temps en temps (peut être même que je suis l’archétype de ce qu’ils détestent ?). Chez d’autres c’est peut être un sentiment d’appartenance qui fait briller leurs yeux (empruntent-ils parfois le même parcours que moi ? ou se disent-ils « je parie que je fais plus de bornes que lui. » ?). Et puis chez d’autres (et pas que chez les dames d’ailleurs) c’est le désir de mon corps dans l’effort qui allume leur regard… bien-sûr… comment résister ?...

Toujours est-il que cet autre soir, donc, pas un seul regard ! Rien ! Autant de voitures que d’habitude, temps clair et visibilité excellente et pourtant personne ne tournait les yeux vers moi. J’étais interdit. Au début j’ai cru qu’il y avait quelque chose de captivant à écouter à la radio. J’ai vite abandonné l’idée. J’ai ensuite pensé que tous ces gens étaient pris dans leurs problèmes d’argent, de boulot, de famille... ; pris dans la mélasse de leur quotidien. C’aurait était possible, mais pourquoi tous et d’un coup et ce soir uniquement ? J’étais perplexe et en me questionnant intensément, il m’est venu une idée absurde mais que j’assume parfaitement : et si j’étais mort ?

C’était la seule explication. Si j’étais devenu invisible, c’est que je n’appartenais plus à ce monde. Si je n’appartenais plus à ce monde, par définition, j’étais mort. Je sais ce que ça a de saugrenu. Effectivement c’est assez grotesque quand je l’explique comme ça, mais essayez d’y réfléchir. Peut être que vous vous savez ce qui se passe quand on rend son dernier souffle ? Moi je n’en suis pas bien certain… je pense qu’il ne se passe absolument rien, mais je n’ai pas la preuve formelle de ce que j’avance. Je ne pense pas qu’il y ait une « vie après la mort » mais, là encore, je n’ai aucun argument en faveur de ce qui n’est que ma propre opinion. Alors bêtement, pendant que je courais, cette idée  a fait son chemin. Je me suis dit : « c’est peut être comme ça quand on est mort ? On continue peut être à faire des choses comme on en a l’habitude sauf que l’on ne fait plus partie de ce monde. On ne se rend même pas compte qu’on est plus là. On y est plus, c’est tout… ». Et plus je croisais de véhicules et plus ma conviction se renforçait : personne ne me voyait. C’était pour le moins déconcertant. J’aurais presque eu envie de me mettre au milieu de la route, pour voir ! Mais je ne suis pas malade à ce point et je sais bien que je ne suis pas mort ; et pour le coup, je n'avais pas envie de l'être !

Pourtant cette idée me tarabuste. Serait-ce si stupide que ça d’imaginer qu’on ne quitte jamais vraiment ce qu’on a connu de son vivant ? Est-ce si idiot d’imaginer qu’il y a plusieurs dimensions, ou plusieurs mondes parallèles ou appelez ça comme vous voulez ? Ca me fait moi-même sourire, alors je ne vous en veux pas de me trouver farfelu. Si vous me connaissiez, vous sauriez que je ne le suis pas tant que ça  (en apparence du moins ).

En attendant, si c’est ça la « vie après la mort » qu’on nous promet, c’est assez moyen… Une mort moyenne pour une vie moyenne ? A moins que ce ne soit le fameux Enfer ?...

Reste une énigme que je suis bien en peine de résoudre : je ne sais toujours pas pourquoi, ce soir là, précisément, j’étais devenu invisible…

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Commentaires
F
Je suis fan de K. Dick Ses interrogations sur "qu'est-ce que la réalité ?" rejoignent les tiennes. Je pense par exemple à "Ubik" où les gens qui meurent ne le savent pas et continue à vivre.
Gay.mais.pas.que
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