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Gay.mais.pas.que
24 août 2010

Train de nuit - 43e message

Hier pour rentrer de mon week-end familial (voir note précédente), j'ai pris le train de nuit. Entre Paris et Strasbourg le trajet était encore faiblement éclairé par les dernières lueurs du jour puis tout a changé quand j'ai embarqué dans un nouveau train au départ de Strasbourg et à destination de chez moi. Là, le paysage avait complètement disparu dans l'obscurité profonde de la nuit sans étoile. On y voyait rien sauf, de temps en temps, de-ci, de-là, un réverbère ou les phares d'une voiture dans le lointain. Subtilement, l'intérieur des wagons s'était lui aussi mis en mode somnolence : lumière tamisée, voix doucereuse (une fois n'est pas coutume) de Madame notre Chef de Bord (une autre fois n'est encore pas coutume)... Passagers discrets, éparpillés aux quatre coins de la rame, pour certains pelotonnés sur leur siège, un gilet sur les jambes, l'air franchement endormi. Pour d'autre, les yeux mi-clos, corps tout entier enveloppé dans la torpeur et esprit bercé par le balancement du train.

Tou-kou-touch, tou-kou-touch... le train file à travers la nuit. Il invite à s'enfoncer en lui toujours un peu plus. Son rythme suit le notre, non, plutôt surpasse le notre. Le rythme du train devient le rythme de notre coeur et de notre pensée. La musique dans les écouteurs de mon portable achèvent de m'ouvrir la porte de l'évasion. Je resterais bien là toute la nuit et même un peu plus... pourvu qu'au matin mon voyage m'ait mené loin. Dans un nouveau Monde irréaliste.

Mais la réalité, la vraie, celle que l'on sent tous les jours, chaque instant oppresser nos poitrines, cette réalité là, elle, elle n'est pas loin. Elle guète, se rapproche et sort de sa cachette lorsque le train s'arrête. Nous ne sommes plus que deux dans le wagon : tous les autres ont déjà rejoint leur réalité. Les lumières se sont rallumées au-dessus de nos têtes . La porte qui donne sur le quai s'est ouverte dans un vague bruit de moteur vapeur (nostalgie ?). Le vent s'est engouffré dans la rame. Dehors, la gare froide et vide attend après nous, les deux derniers voyageurs. La gare froide et vide nous pousse hors de notre rêve ouaté.

Ce train de nuit m'a rappelé les trains de nuit que j'empruntais quand j'étais militaire. Volontaire désigné d'un service de 10 longs mois, j'ai du prendre plus de 50 fois le train en pleine nuit, circulant au milieu de nulle part. Légère angoisse de ne pas savoir précisément où on se trouve, de ne pas non plus pouvoir évaluer la vitesse du train... Ambiance étrange des gares quasi à l'abandon, tous feux éteints avec pour rodeur discret le chef de gare, fatigué mais fidèle au poste. Volupté des voyages où l'on a qu'à se laisser bercer sans même avoir à se soucier de garder le cap.

Oui, les voyages dans les trains de nuit m'ont toujours plu et y avoir goûté à nouveau hier, ça a été comme retrouver la saveur d'une douceur que j'avais oubliée. Ça m'a fait remonter le temps et finalement je me rends compte que ni moi ni les trains n'avons vraiment changé. Il y a des choses comme ça qui ne changent pas...

Portez vous bien.

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Commentaires
E
Merci de me traiter de poête. Je n'en ai hélàs pas le talent. Mais je reconnais que j'étais assez inspiré et que j'ai tout de suite eu envie d'écrire sur ce sujet. Je n'ai donc pas fait grand chose : me laisser aller tout au plus. <br /> Ce qui me fait le plus plaisir c'est d'avoir réussi à faire passer une émotion à travers mes mots. Pour moi c'est important alors Merci.
S
Whaou, quelle poésie dans ce texte et moi qui n’aime pas beaucoup prendre le train, j’ai eu envie de me poser sur la banquette en face. <br /> <br /> S’installer pour voir avec toi, le noir prendre ce monde qui parfois semble bien irréel tant les personnages qui disparaissent dans ces wagons au fil du chemin, nous bercent dans de douces rêveries et nous transportent comme tu le dis si bien, vers nos mondes passés et parfois oubliés. <br /> <br /> Merci de ce beau voyage sans doute encore empreint de cette nostalgie que tu avais mise dans tes bagages en partant. <br /> <br /> A bientôt <br /> <br /> Stéphane
Gay.mais.pas.que
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