Gare au rézo
J'ai entendu hier l'histoire de ces salariés licenciés pour avoir écrit des propos peu élogieux à l'égard de leur entreprise sur FacebookFacebook. En fait, hier, les prud'hommes ont jugé fondé le licenciement pour faute de ces trois personnes. Il leur est reproché un "dénigrement de leur entreprise" et une "incitation à la rébellion". Rien que ça ! M'est avis que l'on ne connait pas la teneur exacte de ce qui a été publié sur Facebook par ces salariés. Mais tout de même : incitation à la rébellion ... ce n'est pas rien !
Sur le coup, je n'ai pas vraiment réfléchi et je me suis dit : "oui, ça me parait sensé; il faut faire attention à ce qu'on écrit car on se sait jamais comment cela sera interprété ou véhiculé; ils n'avaient qu'à faire attention et ne pas écrire n'importe quoi sur n'importe qui..." Bref, je n'ai pas réfléchi du tout. Je me suis laissé emporter par ma première impression en écoutant le reportage.
Et puis plus tard dans la journée j'y ai repensé. Là, mon avis a commencé à changer. Je me suis d'abord demandé ce qui différenciait Facebook de la machine à café en terme de conneries débitées à la seconde. Rien ne vous échappe : c'est le même topo. Entre les potins, les indiscrétions, les matchs de foot et l'actualité des people, on retrouve les mêmes sujet ici et là. Souvent on entend des propos peu glorieux que ce soit sur l'entreprise ou sur les gens qui la composent, dans les couloirs mêmes de ladite société.
Puis, je me suis interrogé : en quoi avoir une mauvaise opinion de sa société et/ou de son patron était un fait nouveau ? Pour beaucoup, quel que soit l'endroit où ils travaillent (-ront), l'entreprise est un monstre d'esclavagisme et le patron, un pauv' type. Pour autant ces personnes ne quitteront jamais l'entreprise si ingrate qui les exploite... Rien de neuf sous le soleil, donc, et le patron qui sait qu'il n'est pas là pour être aimé est, en général, capable de passer outre.
Enfin, je me suis posé la question de savoir ce qui se passerait dans le cas où on publierait des louanges concernant sa boîte et son patron sur FB... Une augmentation ? Une promotion ? J'en doute. Pourquoi ? Parce que ce serait trop facile ! On n'aurait plus qu'à dire que tout est super pour que ça le devienne... On arguerait sans doute du caractère exagéré de vos propos. On dirait "vous ne le pensez pas vraiment" ou "vous avez mis ça pour faire croire que... mais en fait..." bref, on ne vous croirait pas. Du coup je me demande pourquoi on devrait accorder plus de crédit à des idées négatives. Vous comprenez ? Pourquoi dans un sens et pas dans l'autre ?
Je ne sais pas ce qui a été dit par ces gens sur FB, et du coup c'est difficile, voire impossible, de prendre partie. Pour autant, je pense que je n'aurais pas validé la décision de cet entreprise si j'avais du trancher. Facebook fait partie de la sphère privée... que l'on rend publique, au même titre que les dîners entre collègues ou les papotages de la machine à café. Dés que l'on exprime ce qui est enfermé dans notre boîte crânienne, on est susceptible de perdre le contrôle de ses propres idées. Nul ne sait ce qu'un tel ou une telle fera de l'avis que je viens de lui donner. Je ne sais pas si on a déjà licencier quelqu'un pour bavardages néfastes en salle de pause, à la cantine ou dans le local syndical....
Une chose est sûre : les paroles s'envolent et les écrits restent. C'est bien ce qui me paraît le plus dangereux sur le Net (Facebook, les blogs et autres MSN).