De la désespérance des blogs gays - 14e message

Je lis de temps à autre les blogs gays. Ou plutôt, je devrais dire que je les survole... Je vais vous expliquer pourquoi.

D'abord, [contrairement à ce que vous pensez peut être] l'homosexualité est un sujet qui m'intéresse.En grande partie, bien sûr parce que je suis concerné. En fait, je ne sais pas comment expliquer mon besoin de savoir qu'il y a partout, des gens, des hommes [et des femmes aussi bien sûr] qui traversent les mêmes expériences que moi, ressentent parfois les mêmes vertiges, les mêmes sensations, les mêmes impressions. Je me sens rasséréné quand je sais que d'autres que moi ont pu se sentir en difficultés, tant dans leur psychisme que dans leur vie de tous les jours [et qu'ils ont trouvé le moyen de surmonter cette épreuve]. C'est peut être juste un besoin d'appartenance à une communauté, puisque, vous le savez, l'Homme n'est pas fait pour vivre seul. Du coup, j'aime retrouver dans les anecdotes des uns et des autres des petits fragments de vie similaires à mes souvenirs ou proches de mes propres apprentissages.

[Mais] pour autant, je n'ai pas d'amis gays dans la vie. Le hasard [peut être] a fait que je n'ai pas croisé le chemin d'amis potentiels qui soient homos. Ou [peut être aussi] n'ai-je pas su gérer des relations sentimentales qui auraient dû [auraient pu ?] n'être que des relations amicales avec des garçons remarquables. Il faut dire aussi que je ne sors pas dans les endroits "très très gays" [comme dit dans la chanson]... alors....forcément...

Bref, je m'intéresse donc à l'univers de l'homosexualité à travers le filtre des blogs. Et je me dis qu'il y a 2 grandes tendances dans les contenus de blogs gay. D'un côté une extrême souffrance intérieure et de l'autre une extrême mise en avant de la sexualité. Je m'explique : en gros [pour ce que j'en vois], il y a dans une première catégorie, des homos perdus sur le chemin de la construction personnelle, qui parfois sont dans un désarrois complet et qui l'expriment tant bien que mal dans un blog. Et puis dans l'autre catégorie, il n'y a à voir [lire - entre les lignes] que des images d'hommes à poil [ou à peine vêtus]. D'un côté des dépressifs, de l'autre des obsédés [c'est une caricature rassurez vous...., quoique...].

D'un côté des malheureux, de l'autre... des malheureux ! Car finalement, je crois que les deux camps se rejoignent et tentent à leur façon d'exprimer la même chose : la quête d'un idéal. Et ça c'est pas facile, atteindre d'un idéal. Déjà parce qu'un idéal, par définition, ça n'est pas atteignable [définition d'idéal : qui correspond à l'idée et non à la réalité]. Comme ça le décor est planté.
Sur les blogs qui parlent de la souffrance, ou du mal être de leurs auteurs, je ressens toujours une violente envie de "crier". J'ai envie de dire "arrêtez de vous faire du mal, les autres vous en font déjà assez comme ça !". Mais aucun des messages que les lecteurs peuvent envoyer ne permet de casser ce lien de cause à effet homosexualité = souffrance que ressent l'auteur [je le sais, je suis passé par là...].
Dans l'autre cas [les blogs avec du cul à chaque pixel], on est en plein dans l'idée homosexualité = sexe. C'est vrai que dans homo-sexualité il y a sexualité. Dans le fond, c'est un bon départ. Sauf que la vision de la sexualité que donne à voir les auteurs de ces blogs me semble assez limitée tout de même. Tous les hommes [je parle des hommes parce que c'est ce que je connais le mieux - excusez moi les filles] ne sont pas mannequins [ah bon ?]... Ils n'ont pas tous un corps de rêve, ils n'ont pas tous des muscles saillants, un bronzage permanent sans traces de maillot, une bite longue comme le bras, des fesses rebondies, un sourire charmeur, une barbe de trois jours et un regard de braise. Bref, tous les hommes ne sont pas retouchés via Photoshop et ils ne prennent pas tous des poses suggestives dans la forêt, au bureau ou au bord de la mer... Le plus amusant c'est que beaucoup des modèles [le mot à lui seul explique tout] sont hétéros... Non, tous les hommes ne sont pas des fantasmes ! Quand je vais sur ces blogs j'ai parfois l'impression de me retrouver dans le cliché de la cabine de chauffeur poids lourd [pardon pour les routiers qui me lisent peut être] avec le calendrier Playboy ou Penthouse en arrière plan. Ouais, une image un peu affligeante de l'autre, un peu réductrice en tout cas et surtout, très très très éloignée de la réalité.

Du coup, c'est sûr, celui qui a du mal à se construire vis à vis de son homosexualité et qui lit des blogs où il n'y a que des mannequins a priori en rut, va avoir beaucoup de mal à trouver son chemin.

Heureusement, il y a aussi des blogs gays où l'on parle d'autre chose : de culture, de vie de tous les jours, de vie de couple, de voyage, de rencontres, d'échanges... Car je crois que chez les gays plus que chez les autres, il existe une disposition particulière pour parler avec finesse sur des tas de sujets. Je pense que nous avons une sensibilité qui nous permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Un peu comme si nous développions un regard plus subtil sur les autres et les choses... Encore faut il que nous exploitions ce don.

En conclusion, je ne donne pas de conseil, mais j'ai envie de suggérer 3 choses :
1 - arrêtez de vous faire du mal,
2 - ne croyez pas tout ce qu'on vous montre
3 - exprimez votre sensibilité.

Et puis surtout, portez vous bien.

Comments

[Tambour Major]

Ton analyse sur la dualité des blogs gays est assez juste, même s'il faut compter un certain nombre d'exceptions.

Je surfe pas mal aussi et lis principalement ceux qui me touchent, que ce soit en racontant leurs états d'âmes, leurs joies, leur jolie petite vie, leurs coups de blues.

Ecrire est souvent une thérapie, un moyen de mettre des mots là où ça fait mal, là où ça gratouille, pour faire le point et prendre du recul sur une situation donnée. Et avancer encore.