Jeudi 28 juillet 2011 - 13h39
Depuis qu'il y a eu cette tuerie en Norvège - dont je n'arrive pas à imaginer le déroulement tant il me paraît inimaginable de pouvoir abattre plus de cinquante personnes avant d'être maîtrisé -, il y a une question qui me trotte dans la tête et dont je n'arrive pas à me défaire. Dés la connaissance de ce drame elle a fait irruption dans mes pensées et elle est revenue régulièrement, l'air de rien. Une question lourde et lancinante en somme.
Cette question n'est pas de savoir comment ou pourquoi on peut en arriver à tuer d'autres humains. Malheureusement, de ce côté là il n'y a ni illusions à avoir, ni miracles à attendre : l'homme est un loup pour l'homme. Elle n'est pas non plus de savoir ce que cela implique pour l'avenir de la Norvège, pour la sécurité en Europe ou sur le plan politique. Non, la question qui me taraude c'est doit-on garder toujours à l'esprit que la vie, notre vie, ma vie, peut s'arrêter comme ça, dans un battement de paupière, dans une fraction de seconde, avant même que l'information "je meurs" ait eu le temps de parvenir à ma conscience ?
Tous ceux qui meurent à un moment où cela n'était pas envisageable - assassinat, attentats, accidents, tsunamis, foudre... -, tous ce gens là, donc, avaient quelques secondes avant que leur vie ne finisse, un avenir, au moins celui à court terme, plus ou moins décidé, plus ou moins planifié. Parmi les personnes qui ont été massacrées en Norvège, il y avait des gens qui avaient prévu des sorties, des vacances, des dîners avec des amis. Qui avaient pris des rendez vous, qui devaient retrouver des proches. Il y avait des gens qui venaient de faire connaissance et d'autres qui vivaient le début d'une nouvelle histoire avec quelqu'un. Il y avait des gens déprimés et d'autres qui sortaient tout juste de leur dernière petite déprime. Il y avait sans doute des gens qui n'avaient pas eu vraiment envie de venir et d'autres qui s'étaient fait une joie de se retrouver là. Certains avaient peut être du vague à l'âme et se disaient que vivre n'était pas si important. Pourtant, si on leur avait dit que dans une seconde ils allaient passer de vie à trépas, ils auraient peut être trouvé que, finalement, "la vie c'est pas si mal après tout".
Je crois que la réponse à ma question est non. Il me semble que ce serait obsédant de devoir toujours garder à l'esprit cette idée que l'équilibre qui nous maintient en vie est précaire. Malgré tout, de temps en temps, se dire que l'on n'est pas éternel et qu'il faut savoir vivre dans le présent parce que le passé n'est plus et que le futur est trop aléatoire, ça oui, je crois que c'est une chose à ne pas oublier de faire.