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Gay.mais.pas.que
3 avril 2011

J’avais pas vu

Je vais vraiment finir par le croire : il faut donc que j’atteigne 40 ans pour enfin comprendre certaines choses qui, pourtant, auraient déjà du depuis belle lurette me sembler évidentes. Hier encore une petite lumière s’est allumée dans ma tête. Un vilain flash plutôt, car il m’est toujours amer de constater que je me suis trompé.

Ironie (?) du hasard, en rentrant à la maison cette nuit, après, donc, avoir entrevu que j’errais sur une voie sans issue, un faon est venu traversé la route sous mes phares. Je vous rassure tout de suite je ne roulais pas vite et j’ai eu le temps de freiner, de bifurquer et de l’éviter. J’ai aussi eu le temps de le voir. C’était une impression très saisissante : j’ai eu l’idée qu’il voulait se jeter sous mes roues consciemment. Il marchait tout doucement, là, au milieu de la chaussée, et il ne remarquait même pas les feux aveuglants de ma voiture ou mes efforts désespérés (j’exagère un peu) pour lui éviter d’atroce souffrances. J’ai cru qu’il voulait se suicider, en finir avec sa vie de faon, avec tout ça… Il semblait si résigné !
Je sais, je suis cruche : les faons ne se suicident pas. C’est en tout cas ce que je me suis dit un peu plus tard. Mais j’ai été saisi, lors de cette rencontre surprenante, par le fait qu’il n’ait pas vu le danger qui venait droit sur lui. Il n’en a même pas eu conscience ! Ai-je moi aussi de tels moments d’aveuglement que je n’aie pas conscience du danger ?

Pour en revenir à mon moment de lucidité, maintenant, il faut que je vous explique un peu le contexte. Cela vous permettra de réagir.
Hier soir, donc, j’étais attendu au restaurant. Rien que de très banal : une soirée d’anniversaire “intime”, entre amis dans un resto un peu “prout-prout”, surfait, sur joué, passons. Il y avait ma meilleure amie, son ami, son (futur) beau frère, sa (future) belle sœur, un de ses collègues et ami et sa femme. Et moi. Vous voyez : trois couples assis l’un en face de l’autre et …moi, en bout de table. “A la place du chef !” comme ils m’ont dit en arrivant.

Plus tôt dans l’après midi, j’ai eu ce sentiment que cette soirée ne serait pas bonne. Je l’avais compris à l’avance. Je me suis demandé au cours de ce repas terriblement ennuyeux pourquoi, justement, je m’y sentais si mal. La raison est simple : je ne suis pas en couple !
Eh oui, c’est aussi stupide que ça ! J’ai tout à coup saisi cette évidence que tant que je continuerais à sortir avec des couples – hétéros - alors même que je suis un célibataire – homo -, je resterais toujours celui qu’on pose à la “place du chef”, en bout de table, comme un vase ou un cendrier. (Ndlr : décidément je suis à bloc dans ma période ustensile en ce moment^^). Et je continuerais à m’ennuyer, à faire bonne figure, à écouter le récit de ces vies de couples, de gens qui ne s’aiment pas plus que ça mais qui sont liés par les habitudes, les souvenirs et parfois les enfants.

Oui, messieurs-dames, il m’a fallu presque 40 ans pour comprendre que je me trompais de façon de faire ! C’est vrai que je n’ai jamais adhéré au communautarisme gay que je trouve trop stéréotypé et trop fermé sur lui-même. Pourtant je pense maintenant que j’ai du me fourvoyer dans des relations sans rapports avec moi, les utilisant comme un lien vers la “normalité” car, je vous le rappelle, je ne vis bien mon homosexualité que depuis 5 / 6 ans ! Ca avait sans doute un côté “rassurant” de ne fréquenter que des hétéros “classiques” et “sages”.

Il est temps pour moi de changer d’univers, de fréquentations, de sorties, d’air ! Ca ne veut pas dire que je ne verrai plus mes amis. Mais ce sera sans doute dans d’autres circonstances, dans d’autres lieux, avec, je l’espère, cette fois, quelqu’un à mes côtés : ça bouleversera le plan de table !

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Commentaires
E
@ Glimpse : un peu tu crois ? On ne partage pas la meme vie, tout simplement.<br /> <br /> @ Loup : oui, sans doute la variété est elle un des remèdes contre l'ennui.<br /> <br /> @ Arthur : ça dépend qui on veut me faire rencontrer ! L'essentiel est que je ne sois pas au courant avant...<br /> <br /> @ Farfalino : je ne cours pas après les soirées gay, mais je dois bien reconnaître que cela me correspondrait davantage (ne serait ce que pour rencontrer de potentiels partenaires)<br /> <br /> @ Stephan : sans doute que non, je ne souhaitais pas vraiment passer mon samedi soir avec eux précisément<br /> <br /> @ Flavien : Quelles horreurs ?? <br /> <br /> @ Comdhab : qu'il y ait une différence entre gays et hétéros c'est évident. Mais rien ne m'oblige à la subir<br /> <br /> @ Tambour Major : Non ? C'est difficile à dire, mais c'est aussi très difficile à entendre par celui à qui on l'oppose.
T
Il y a un mot magique qui change la vie : "non". Refuser d'aller dans des soirées où l'on n'a pas vraiment envie, où l'on sent qu'on va s'ennuyer ou ne pas être à sa place. Ce n'est pas de la fuite ni de la lâcheté. Juste une manière de prendre soin de soi.
C
C'est donc pour bientôt le resto entre bloggueurs gays alsaciens... j'attends ta réponse pour réserver...<br /> <br /> Même en couple, tu sentiras toujours la différence entre gays et hétéros... Nous, nous avions l'impression d'être le couple de gays qu'on sort comme pour dire "regardez suis hype, j'connais des gays..." Au final, les repas se sont espacés pour ne plus avoir lieu du tout....<br /> <br /> Quoi !!!! j'n'ai plus de vie sociale depuis qu'il y a les enfants... Oui, c'est un fait, aussi !!!
F
Oublié de dire que j'aime beaucoup ta dernière résolution. La communauté te le rendra
F
Je n'en reviens pas de ton aptitude à faire naître un sourire en racontant des horreurs. Un vrai talent d'écriture.<br /> Très beau fil conducteur (le plan de table). Se remettra t-on de la mort de la maman de Bambi?
Gay.mais.pas.que
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