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Gay.mais.pas.que
8 juillet 2010

Revue d'Ex : Double Vie - 24e message

Je crois que c'était, voyons voir, en 2003...? Oui, dans les environs. En juillet, ça c'est certain.
Ca fait donc 7 ans, déjà...
Ca me rend toujours un peu nostalgique de penser à ma rencontre avec H. [c'est amusant de mettre des initiales. Je suis sûr que vous imaginez un prénom qui correspondrait : c'est plus fort que vous, n'est ce pas ? Alors, qui dit Hervé, qui penche pour Henry,  ou Harold...?]

Je me souviens bien de notre rencontre. Un parc : un lieu de drague. En gros, un endroit un peu dangereux, très sombre à l'intérieur, où il y a plein d'hommes qui attendent d'autres hommes pour passer un peu de bon temps dans les bosquets. C'est interdit par la loi, ça craint, c'est glauque mais ça existe dans toutes les villes et c'est très fréquenté, été comme hiver. A l'époque je pouvais rester des heures dans ma voiture, en bordure du parc, à attendre, attendre et attendre qu'on vienne m'aborder. Et puis, comme personne ne venait, je finissais par faire comme tout le monde; je sortais de la voiture et je m'enfonçais dans l'intérieur tout sombre et tout craignos  du square. Ca faisait une drôle d'impression de voir cet endroit le jour et de le revoir la nuit. Une autre population, d'autres "loisirs". Etrange et dérangeant de savoir qu'ici le jour des familles pique-niquent...
Mais ce n'est pas le sujet...
Ce soir là, donc, j'étais encore dans ma voiture à fumer clope sur clope en regardant nerveusement autour de moi les hommes qui passaient vite en ayant l'air très préoccupé. Tout à coup, un visage (je ne peux pas dire autrement car je n'ai vu que son visage) est venu frapper au carreau de la voiture. Il était en contre jour et sur le coup je n'ai vu que deux grandes oreilles décollées qui se détachaient sur la lumière des réverbères. Je vous garantis que c'est un souvenir tenace.... J'ai baissé la vitre et les oreilles se sont tout de suite mis à me parler : "Salut, ça va ?" Le ton était un peu trop enjoué pour être naturel. "On discute un peu ? Tu sais je ne mords pas". Outre le fait que ce soit cousu de fil blanc et que la phrase "je ne mords pas" soit d'une banalité affligeante, j'avoue que le premier contact m'a fait bonne impression. Finalement, un visage entier puis un corps [petit] prennent forme entre les deux oreilles géantes. Il a même des cheveux. Grisonnants et épars. Je sors de mon tas de ferraille. On fume une ou deux clopes et on décide d'aller boire un verre chez lui...

Arrivés chez lui, il m'apprend que ce n'est pas chez lui en fait... qu'il est hébergé parce qu'il n'habite pas ici et qu'il n'est dans cette ville que pour le travail quelques jours par semaine. On boit un verre et rapidement il m'apprend aussi qu'il n'est pas célibataire et que son ami vit dans leur appartement, dans la ville où ils habitent [loin d'ici]. Je ne sais pas pourquoi, j'ai un petit pincement quand il me dit ça. Je me fais même la réflexion "pourquoi ? je ne le connais même pas, il ne s'est encore rien passé entre nous et je ne suis même pas sûr qu'il me plaise..." Bref, je vais de découverte en découverte. Qu'à cela ne tienne, je me dis que puisque je suis venu jusqu'à son presque-chez-lui, je n'ai plus qu'à prendre un peu de bon temps et repartir aussi vite que je suis venu sans me soucier du reste. Sauf que avec H., prendre du bon temps c'est rire, parler toute la nuit, se raconter nos vies, faire connaissance, se séduire... D'un coup d'un seul on est passé du plan Q au plan Love et ça, mes amis, ça va compliquer rudement les choses !

Du coup, quand je rentre chez moi le lendemain matin, je me sens tout bizarre. C’est sûr, j’étais parti la veille pour me vider les c*** et finalement, je rentre en m’étant rempli la tête avec plein d’éclats de rire. Evidemment, on ne met que 2 jours pour se revoir. Là encore c’est complicité, détente,… c’est très sympa. On dîne, on flirtouille et on finit par coucher. Ca me plait moins car je ne me sens pas très à la hauteur. Il est plus âgé que moi, il a un amant depuis longtemps ; bref : il a plus d’expérience que moi. Mais H. se montre très compréhensif, très gentil – fidèle à lui-même, quoi. Il pourrait même m'apprendre des choses, qui sait...

On se voit de plus en plus régulièrement. On s’entend de mieux en mieux. Il vient presque s’installer chez moi. Au début ce n’est que quelques jours par semaine, quand il travaille. Les autres jours il rentre chez son ami, et quand il revient il s’empresse de me dire qu’entre eux il ne se passe plus rien depuis longtemps, qu’ils ne s’aiment plus. Et moi je suis quelque part flatté d’être une friandise dans la vie de H., même si je ne peux m’empêcher de penser à son mec qui, peut être, ne se doute de rien.

Notre histoire dure ainsi quelques mois. Entre temps, H. est venu passé plusieurs week-ends. Il a menti à son ami pour pouvoir rester avec moi. Quand son ami appelle le dimanche il ne faut pas faire de bruit et ça me fait ricaner comme un crétin. Je suis encore un ado…

Et puis un jour, H. me dit qu’il m’aime. Là je sens que mon sang passe de +37,5°C à – 40°C en 2 secondes. Je suis tellement surpris que je ne comprends pas tout de suite. Je réfléchis… trop et je ne réponds pas. Ce moment là, très précis, dont je me souviens parfaitement bien, marque le début de la fin de notre relation.
Quand, quelques jours plus tard, H. me dit : « je veux être avec toi. Je vais plaquer B., l’appartement et tout et tout et je vais venir vivre avec toi. » , je lui réponds : « non. » C’est tranchant comme un hache et ça fait donne le même résultat : il est littéralement couper en morceaux par ma réponse qu’il redoutait tout en refusant d’y croire. Le reste sort de lui-même, comme un vomis que j'aurais tenté de garder en moi : je lui dis que je veux rompre, que je ne veux plus le voir, que c'est fini. Il se met à pleurer. C’est singulier de voir cet homme qui pleure pour moi. Pleure-t-il vraiment par amour pour moi ou parce qu’il est, du coup, obligé de retourner avec son ami. Pleure-t-il parce que je lui fais de la peine ? A-t-il mal ? Suis-je un briseur de rêve ? En tout cas, je suis étonné à cet instant par ma dureté. Je ne suis ni attendri ni gêné par ses larmes. Je ne ressens pas l’envie de le consoler, de lui donner des raisons, de le prendre dans mes bras. Je me rends compte que je ne l’aime pas, tout simplement.

Le retour de flamme : il m’a dit « je t’aime » et je l’ai fait pleurer.

Avec un peu de temps la douleur s’est calmée. Il a cessé de m’appeler tous les jours en pleurs. Il a cessé de m’envoyer des mails en me demandant [en me suppliant] de revenir sur ma décision. J’ai beaucoup pensé à lui, après. Ai-je pris la bonne décision ?, je crois que oui. Je crois que j’ai agi avec mon instinct, sans chercher plus loin, juste en regardant au fond de mes sentiments. C’est sans doute un garçon super… comme quoi être super ne change rien.

Portez vous bien.

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Commentaires
T
C'est très fort comme billet. On sent que ces souvenirs sont encore bien marqués en toi, que H fera à jamais partie de ton histoire et qu'en dépit de l'absence de sentiments, tu lui portais (et lui porte encore) une affection toute particulière.
R
Au moins c'est clair: quand tu n'aimes pas tu n'aimes pas... C'est comment quand tu aimes???
S
SI je te dis que c 'est une très belle évocation cela te semblera d'une grande banalité et pourtant c est sincère cela fait le pendant avec quelque chose que j'ai commis et qui me laisse dire que si bien sur nous pensons parfois a des parties de ... c est souvent aussi les franches parties de regolades et simplement des caresses qui font qu'une relation peut etre belle meme si ...
Gay.mais.pas.que
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